Dépassement et stagnation

Dans les années 70 en Italie, la Démocratie chrétienne et le Parti communiste se partageaient près des deux tiers de l’électorat. La première, pivot des coalitions gouvernementales, devançait le second à chaque scrutin. Il a fallu l’émotion liée au décès d’Enrico Berlinguer en 1984 pour que, peu après aux élections européennes,  le score communiste précède celui des démocrates chrétiens. Le vocabulaire politique italien s’enrichit alors d’un nouveau terme pour qualifier cet événement  : le « sorpasso », le dépassement du parti très longtemps hégémonique.

Dans les nombreux commentaires et analyses des élections fédérales du 10 juin, défavorables au Parti socialiste, il est souvent dit que le MR est devenu le premier parti de Wallonie. Les chiffres sont évidemment incontestables : 23 sièges contre 20 pour nous. Mais la différence avec la situation italienne évoquée plus haut c’est le fait que les deux partis ont reculé en sièges.

En piétinant, le MR devient donc premier. C’est une nouvelle déclinaison de la victoire à la Pyrrhus. Pour moi, cela veut surtout dire qu’une telle  « défaite victorieuse » doit inciter à plus de modestie.

André Flahaut