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Au 3ème jour de l’année, au 11ème jour du gouvernement intérimaire (et pour ceux qui - comme le journal De Standaard, dès le lendemain de l’investiture - comptent à rebours !) 8O jours avant le 23 mars je me permets de livrer quelques réflexions.
Ne dit-on pas que ce sont les premiers gestes posés qui donnent des indications précieuses ?
Ainsi, mon successeur a-t-il décidé de visiter nos militaires en opérations, c’était indispensable pour ces hommes et ces femmes qui portent haut les couleurs de la Belgique dans ces opérations non dénuées de risques. Le risque zéro n’existe pas en ce domaine. J’avais programmé cette visite plus particulièrement pour les réveillons et cela comme je le faisais depuis huit ans. Il est en effet important d’être là en ces moments précis de fêtes. Ce ne sont pas des visites normales, elles doivent être prioritaires par rapport aux autres engagements pris même à l’égard de sa propre famille et de ses amis. Je sais, c’est difficile, mais c’est un devoir dicté par le respect que tout Ministre de la Défense doit à ses travailleurs en permanence.
Ce voyage au Kosovo des deux DE - comme l’écrivait le journal Vers l’Avenir - est aussi significatif en ce sens que la présence du Ministre des Affaires Etrangères concrétise la volonté de ce dernier d’exercer une réelle tutelle sur ses collègues ayant des attributions touchant de près ou de loin à l’Extérieur. C’est d’ailleurs la teneur des accords conclus lors des discussions de feue (?) l’orange bleue. Le Ministre de la Coopération, seul représentant francophone de ce gouvernement intérimaire, ayant un morceau de département international devrait d’ailleurs être prudent et particulièrement vigilant quand viendront en discussions les protocoles entre les départements car pour certains coordination ne veut pas dire meilleure efficacité ou plus grande efficience mais signifie bien mainmise et contrôles d’autant plus faciles que les deux titulaires de la défense et de la coopération sont de nouveaux arrivants face à l’expérimenté et malin Ministre des Relations Extérieures.
En ce qui concerne plus particulièrement, la Coopération, je lis que le premier déplacement du Ministre sera pour le Soudan (Darfour) et l’Ouganda. On peut comprendre ces choix mais on peut s’étonner également que le Ministre ne donne pas la priorité au Congo car l'important travail de bonnes relations bilatérales et de reconstruction mené depuis deux législatures a pris du retard et on ne peut en rien laisser s’installer un doute quant à la volonté du gouvernement belge de poursuivre cet effort vis-à-vis du Congo. Certains responsables politiques belges ont travaillé beaucoup pour retisser des liens de confiance…On sait que cela peut se détruire rapidement. J’espère seulement que ce « non choix » du Congo n’est pas ici aussi le résultat de pressions venant de différents milieux et plus particulièrement du Nord du pays qui préfèreraient que la Belgique développe son action extérieure en d’autres parties de l’Afrique (moins attachées à la francophonie…) ou en d’autres parties de cette Afrique et du Monde plus intéressantes sur les plans économique et commercial… Je n’invente rien puisque dans les textes préparatoires de feue( ?) l’orange bleue, cette nouvelle orientation était clairement présente et inquiétait d’ailleurs les interlocuteurs congolais et d’autres représentants de pays africains francophones. Tout cela n’est pas anodin et ajouté au déséquilibre flagrant dans notre représentation gouvernementale extérieure au détriment des francophones et à l’avantage des conservateurs (libéraux et cd&v-nva) n’est pas fait pour me rassurer. Il faudra être vigilant et surtout veiller à corriger tout cela si on passe le cap du 23 mars…
Dans la question des enfants soldats, question importante et urgente à aborder, je salue la volonté du Ministre de la Coopération de s’attaquer au problème mais par définition il s’agit d’un problème à coordonner au sein du gouvernement sous la direction de G. Verhofstadt qui a fat un discours remarquable à l’ONU et qui connaît bien la matière. Le Parlement doit lui aussi être mobilisé.
En terminant, je découvre la polémique naissante entre mon successeur et l’ancien président de Spirit au sujet de la vente de matériel militaire au Liban. Je crois qu’il s’agit d’un mauvais procès car la résolution des Nations Unies précise bien que les Etats doivent apporter leur aide au Liban pour permettre notamment à son armée d’exercer sa mission sur le territoire comme elle l’a d’ailleurs fait en délogeant des terroristes d’un camp au Nord du pays. Permettre à l’armée libanaise de se rééquiper constitue aussi un moyen pour que nos militaires déployés là-bas puissent revenir plus rapidement et que le gouvernement ne doive pas prolonger la mission au-delà du mois de juin comme prévu.
Enfin, remarquons dans le cadre de la menace terroriste que dans le Comité des Renseignements et de la Sécurité, ne siègent que des Ministres flamands (le 1er Ministre, les Ministres des Affaires Etrangères, des Finances, de la Mobilité, de la Justice et de la Défense) et un libéral francophone.
Cela doit faire réfléchir !
André Flahaut
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