Début du mois, la Belgique est consternée par le meurtre d’un jeune homme de 18 ans , Bart Bonroy, à Ostende. Evénement qui rappelle le douloureux souvenir du décès de Joe Van Holsbeeck moins d’un an avant à Bruxelles. Nous nous sentons tous concernés en tant que jeunes, parents, et politiques par ces drames et nous sommes conscients que des actions doivent être prises. Cependant, je ne suis pas d’accord que ces derniers soient utilisés à des fins politiques dans un moment de grande émotion.
Au même moment, en effet, le Ministre de la Coopération au Développement (MR) a suggéré la création d’unités disciplinaires au sein de l’armée pour rediscipliner, sous contrôle judiciaire, les jeunes délinquants violents qui ont perdu leurs valeurs de base. « La caserne plutôt que la prison » a écrit le Soir en guise de titre.
Le Ministre de la Coopération au développement va plus loin en relançant l’idée d’un service civil ou militaire volontaire.
Enfin, Armand De Decker propose d’établir des stages civiques de 15 jours pour les jeunes de 17 à 19 ans, à différentes périodes de l’année scolaire, qui seraient organisés par le fédéral, les Communautés ou l’armée.
Ma réaction dans la presse ne s’est pas fait attendre. Je me suis effectivement dit opposé, voire effrayé par cette idée qui revient, selon moi, à créer des camps de redressement.
Il est facile de lancer des idées, sans nuances, à cinq mois des élections, en impliquant les compétences d’un autre département que le sien. Le Ministre De Decker a-t-il pensé à la faisabilité et à la mise en œuvre de celles-ci ? Le service militaire a été suspendu. Les unités disciplinaires n’existent pas au sein de l’armée belge, il faudrait donc les créer ? A aucun moment la question du financement ne fut évoquée non plus.
Aurait-il oublié le fait que des peines alternatives et des travaux d’intérêt général existent déjà et peuvent être prestés à la Défense grâce à un accord entre les Ministères de la Défense et de la Justice ? Ce système, non seulement est en place, mais il fonctionne bien et nous sommes prêts à accueillir davantage de jeunes si les juges le souhaitent ou l’estiment opportun.
Enfin, je tiens à préciser que la Défense, outre l’accord précité, n’a pas attendu pour soumettre des idées ou agir. Depuis 2001, je propose à une dizaine de jeunes délinquants de centres fermés de m’accompagner et participer avec les militaires à des opérations à caractère humanitaire au Bénin. Les travaux auxquels ces jeunes prennent part sont souvent des travaux de reconstruction en collaboration avec la population locale et les militaires. Ces jeunes sont encadrés d’une part par des éducateurs de l’IPPJ (Institutions publiques de protection de la jeunesse) et d’autre part, sur le plan technique, par les militaires en mission.
Je suis convaincu que ce genre d’expérience est bien plus bénéfique qu’un camp disciplinaire « à la dure » pour les jeunes délinquants.
André Flahaut
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