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André Flahaut

André Flahaut

Ministre d'État, Ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Président honoraire du Parlement


Le Prix Nobel de la Paix : produit d’actualité exclusivement médiatique ?

Publié par le Blog d'André Flahaut sur 14 Octobre 2013, 15:56pm

Catégories : #Billets d'humeur

La coïncidence du choix du Prix Nobel décerné à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques avec l’actualité médiatique est troublante.

 

On comprend l’inadmissibilité de la ligne rouge franchie, on comprend que l’usage des armes chimiques doit à jamais être aboli.

 

On se souvient des images des victimes syriennes, aux mouvements incontrôlés ou emmaillotées, en rangées de corps inanimés. On se souvient des enfants aux paupières désespérément closes.

 

On comprend que c’est l’humanité entière qui est concernée, qu’il est des procédés inhumains ravisseurs d’humanité. A quoi n’échappe pas l’usage des armes conventionnelles.

 

On comprend que la dynamique d’attribution du Prix Nobel, plus que d’être porteuse d’espoir, se doit d’être porteuse d’actions.

Tracé par-delà un passé détestable, c’est un futur désormais nourri d’un fragment antinomique qui est envisagé. 

 

Recevoir un Nobel, c’est recevoir les projecteurs pour plus longtemps.

 

C’est vrai que jusqu’à cette fin août 2013, les suppliciés syriens, dans cette spirale d’actualité violente, se confondaient avec tant de populations d’autres pays.

 

 

En lice pour le prix Nobel de la Paix, il y avait également le Docteur Denis Mukwege, qui opère en RDC et dont je soutenais la candidature.

 

Certes son action se limite à une zone géographique, complètement oubliée pour certains, qui suscite un appétit vorace pour d’autres : le Kivu.

 

Certes l’action praticienne du docteur se limite aux filles et aux femmes violées.

Et par là aux familles affectées. Donc à la société d’aujourd’hui et en devenir.

 

Il est des procédés inhumains ravisseurs d’humanité.

 

Certes l’image du soldat onusien dont le regard ignore les rebelles qui le dépassent est aberrante.

 

Et où sont les témoignages de femmes violées ?

 

Mais depuis des années, rien de neuf, rien de spectaculaire n’est arrivé vers lequel les caméras auraient pu se tourner.

 

La violence routinière, les drames communautaires n’émeuvent plus, ou pour si peu de temps.

 

L’exemple du Kivu est type de l’acceptation par la « communauté internationale », dont nous sommes tous partie, de la violence quotidienne déshumanisante.

 

Mais le quotidien s’installe tandis que le spectaculaire stimule.

 

Cette acceptation de la violence inhumaine et quotidienne se fonde-t-elle sur l’habitude, la lassitude, le sentiment d’impuissance, l’intérêt personnel ? 

 

Que faut-il encore comme drame pour qu’au-delà de quelques larmes versées, de l’oubli ou de l’ennui s’actionne une impulsion pour la paix, loin ou près de nos frontières ? 

 

Car c’est le temps du chacun pour soi, en Europe surtout, et rares sont les réactions  tant que les conséquences ne se manifestent pas trop chez nous.

 

Lampedusa. Concentré de femmes, d’hommes et d’enfants issus d’une bonne partie de notre planète. Cela fait pourtant date que l’infâme déséquilibre entre l’occident concentré de richesses et le reste du monde est dénoncé. Avec la nuance actuelle qu’il y a de plus en plus de nantis dans ce reste du monde et de plus en plus de pauvres en Occident.

Cela n’empêche que certaines conditions de vie sont inacceptables.

 

Alors où est cette solidarité entre femmes et hommes, entre être humains, où est cette humanité dont on dote notre espèce ?

 

La sagesse populaire nous dit qu’on peut ignorer un problème un certain temps mais qu’il refera toujours surface.

La Syrie, le Kivu, Lampedusa, l’Egypte, la Libye…  sont notre problème à chacun d’entre nous.

 

Revenons à l’humain !

 

Et si les projecteurs médiatiques sont susceptibles de donner une impulsion, c’est l’inscription du processus dans la durée, fondé sur un intérêt sincère et humaniste, qui fera la différence.

 

André Flahaut

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