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André Flahaut

André Flahaut

Ministre d'État, Ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Président honoraire du Parlement


Mon discours lors du Colloque organisé par le Centre de droit public de l'ULB au Parlement

Publié par le Blog d'André Flahaut sur 25 Avril 2013, 09:11am

Catégories : #Discours

La 6ème réforme de l’Etat : tournant historique ou soubresaut ordinaire ?

 

Mesdames,

Mesdemoiselles,

Messieurs,

 

Comme Président de la Chambre des Représentants, je suis très heureux et très honoré de vous accueillir en cette salle des Congrès au sein de ce Parlement fédéral. Cette chambre des Représentants qui pourrait aussi être requalifiée d’Assemblée nationale, puisqu’en définitive, après la 6ème réforme, cette chambre sera la seule du Parlement fédéral où siègeront des députés élus directement sur l’ensemble des circonscriptions du territoire belge… Je laisse cela à vos réflexions et à votre expertise.

 

En parcourant l’intéressant programme de votre colloque, j’aurais bien eu envie d’y assister de bout en bout… non comme spécialiste, que vous êtes, mais comme responsable politique, observateur et acteur de terrain que je suis, depuis un certain nombre d’années, au travers de différentes fonctions : tant dans les coulisses ou dans les cuisines comme préparateur, que sur la scène, ou en salle comme acteur…

 

Malheureusement, le jeudi, comme vous le savez, est jour de séance plénière et des questions d’actualité, c’est-à-dire, jour de plus grande intensité politique ici à la chambre… intensité d’autant plus grande que les médias sont présents et diffusent en direct cette heure de questions.

D’ailleurs, réjouissons-nous que la RTBF, depuis quelques semaines, retransmet en direct, sur son site, ces questions. C’est bien sûr un bon début mais cela reste insuffisant à mes yeux dans le rôle d’éducation citoyenne que devraient remplir nos médias, surtout ceux qualifiés de service public.

A ce propos, deux préoccupations me tiennent à cœur : l’éducation citoyenne des plus jeunes gens et, l’évolution des relations entre les citoyens et les politiques au travers du prisme des médias en pleine transformation et particulièrement des réseaux sociaux. J’ai eu l’occasion, il y a quelques heures encore, d’intervenir sur ce thème auprès de mes 28 collègues Président des parlements des pays européens et du parlement européen lors de la conférence des Présidents à Chypre….

Permettez-moi de faire une parenthèse sur l’émergence, l’irruption des smartphones, iphones et autres tablettes dans les relations et réunions politiques qui en perturbent très souvent les préparations, leur déroulement et la mise en œuvre des décisions – quand il y en a. Toute cette avalanche d’interférences répercutée auprès des citoyens, appelée « fast communication », ne leur rend pas plus claire la compréhension du travail politique, avec, pour conséquence, un désintérêt accru. 

 

Mais revenons à notre journée. Tout ce que je peux vous dire, pour l’avoir vécu de près et de l’intérieur, est que cette crise de 541 jours était difficilement évitable. Dès le soir des élections, au seul examen des résultats en sièges et de la composition de la Chambre, on pouvait prédire que la négociation serait dure et même craindre le pire en cas de non aboutissement…

 

 Politique et logique ne riment pas toujours ; la politique est aussi une question d’arithmétique élémentaire et parlementaire. Je l’explique régulièrement à mes visiteurs au Parlement : il ne suffit pas de dire : « il n’y a qu’à » ou « il faudrait que ». La politique sur le terrain est tout sauf une science exacte ! L’art du compromis est bien une spécialité belge comme l’obstination et l’endurance dont ont fait la démonstration le Premier Ministre et les vrais responsables politiques conscients des défis à relever tant dans le domaine socio-économique qu’institutionnel….

 

A ce jour, la 6ème réforme de l’Etat est en marche et doit réussir ! Sera-ce la dernière ? Je l’ignore. Ce que je sais, en revanche, c’est qu’il y aura encore énormément de travail après les votes, dans cette assemblée, pour la réalisation du succès de la 6ème réforme institutionnelle. Les citoyens désemparés n’intègrent plus les notions de temps nécessaire à finaliser les projets. Ils oublient aussi que la démocratie a un coût, notamment lorsqu’il s’agit de protéger les minorités, d’assurer la solidarité interpersonnelle, de garantir la sécurité sociale… par la loi de financement, véritable moteur de la survie de notre Etat et de la solidarité entre ses régions.

 

La recherche de solutions pragmatiques, de solutions de bon sens, au travers de longues négociations difficiles nous amènent quelquefois, nous, politiques, à construire des montages qui font grincer les dents de spécialistes et autres politologues. Je pense notamment à la loi de révision de l’article 195 de la constitution. Mais, à l’instar de Jean Jaurès, je dirais que l’on doit certes tendre vers l’idéal sans pour autant négliger le réel.

La réalité politique est complexe dans notre atypique petit pays fédéral. Il a évolué sur des réalités latentes qui reviennent régulièrement à la surface. Le tout dans un contexte européen de plus en plus absorbant.

Il y a et il y aura donc encore besoin de réflexion et de travail pour les spécialistes, les analystes et les opérateurs. Mais il ne faut jamais oublier qu’en politique, il faut réfléchir comme si on était là pour un siècle mais agir comme si on devait partir demain ou encore qu’en politique, c’est toujours ce à quoi on ne s’attend pas qui arrive. La politique est pleine d’imprévus comme la vie… et c’est ce qui la rend passionnante. Elle est aussi enrichissante si l’on veut bien ne jamais oublier qu’elle est au service du citoyen. Je vous souhaite d’excellentes réflexions. Merci pour votre attention.

 

André Flahaut.

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