C’était le 7 avril 1994, dix familles s’effondraient comme se sont effondrés au Camp Kigali, nos dix militaires pris dans l’enfer d’un génocide entré dans nos mémoires. Par les chemins de l’incompréhension, de la colère, de la douleur mais aussi de la honte que fut l’indifférence.
« On n’avait pas vu venir » dira-t-on
Lors d’une interview sur une radio française, j’entends Jacques Attali et Alain Minc, interrogés sur les grandes questions du 21ème siècle, parler de l’intégrisme religieux « que l’on a pas vu venir ». Ne souviennent-ils pas du retour de Khomeini en Iran ?
Les financiers, les experts, eux non plus « n’ont pas vu venir la crise » !
Si, comme le disait Michel Rocard « on ne peut accueillir toute la misère du monde », on ne peut certes pas non plus porter la responsabilité de tous les malheurs du monde, mais à Kigali comme ailleurs, des mains ne se sont sans doute pas tendues, des informations n’ont pas été considérées, la prise de conscience fut légère et tardive ; le destin s’est chargé du reste.
Ensuite, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour les familles et la mémoire des victimes.
Mais pour la douleur, c’était trop tard. Personne n’avait vu venir.
Sept avril 2009, il y quinze ans. Les larmes sont sans âge.
André Flahaut
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