La Pologne fut longtemps une terre de dissidence. Entre protestations ouvrières, mouvements intellectuels indépendants et création du syndicat libre Solidarnosc, le peuple polonais était à l’avant-garde de la résistance au carcan du parti unique en vigueur dans les pays de l’aire soviétique. Aujourd’hui, plusieurs signaux inquiétants nous viennent de Pologne, travaillée par des passions populistes, réactionnaires et cléricales.
L’actuel gouvernement Kaczyinski a ainsi voté une loi de lustration qui impose à quelques 700000 hauts fonctionnaires, professeurs, avocats, journalistes d’avouer, à fin d’absolution, leur éventuelle « collaboration » avec le régime communiste.
L’ironie veut que de nombreux membres de la hiérarchie ecclésiastique qui inspire aujourd’hui le Premier Ministre et son frère jumeau de président ont précisément collaboré à l’époque avec les autorités de Varsovie.
Mais il y a surtout un aspect inquiétant de chasse aux sorcières. L’exercice de mémoire, nécessaire pour réconcilier les diverses composantes d’une société et surmonter les épisodes sombres du passé ne peut dériver vers cette mise en demeure purificatoire qui fait des citoyens les otages de leur passé.
L’épisode n’a rien de singulier quand on sait l’influence du parti d’extrême droite Autodéfense (Samoobrona) sur des franges importantes de la population déconcertée par les changements politiques. Le procès du passé évite ainsi de répondre de façon positive aux enjeux du présent.
De mauvais vents soufflent sur la Pologne qui troublent le climat européen.
André Flahaut
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