Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

André Flahaut

André Flahaut

Ministre d'État, Ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Président honoraire du Parlement


Ce sera difficile mais c’est possible

Publié par blogflahaut sur 24 Avril 2007, 11:02am

Catégories : #Billets d'humeur


L’élection présidentielle française a la particularité de toujours susciter un très grand intérêt parmi nos concitoyens. Sans doute parce que les thèmes de campagne et les résultats hexagonaux agissent, à tort ou à raison,  sur notre débat politique intérieur.


Pour ma part, je ne voudrais pas  ajouter ici  mon analyse des votes du 1er tour aux nombreux commentaires bien plus avisés des spécialistes.


Je soulignerai simplement quelques points importants.


D’abord le taux de participation très élevé (près de 84%, en hausse de 13 points par rapport à 2002) est une excellente chose. La présence surprise de Le Pen au second tour il y a cinq ans  a fait amèrement comprendre à une frange indifférente d’électeurs la vérité de cette maxime : « si tu ne t’intéresses pas à la politique, c’est la politique qui se joue de toi ».
Le grand-rendez vous démocratique n’a, cette fois-ci, pas été escamoté.


Autre constat, plus inquiétant celui-là : le balancier politique français oscille vers la droite.
L’addition des scores du candidat de l’UMP Nicolas Sarkozy et du candidat FN Le Pen  est de 41,6%, alors que l’addition RPR-FN qui a conduit leurs deux candidats au second tour en 2002 s’élevait à 36,8%.
Certes, le score du FN a baissé de 6 points mais au prix  d’un mouvement de bonneteau idéologique. Les idées de l’extrême-droite se sont imposées dans le débat politique par le fait de Nicolas Sarkozy qui les a, d’une certaine  façon, légitimées.


Je ne manquerai pas de saluer l’excellent score de la candidate socialiste Ségolène Royal (25,84%), égal à celui de François Mitterrand en 1981. La grande différence alors c’était que le futur Président de la République pouvait déployer une stratégie de préemption du vote communiste qui était encore de 15%.
Aujourd’hui, le score cumulé  de ce qu’on appelle « la gauche de la gauche » offre une  faible réserve de voix et on peut honnêtement se demander ce que pouvait apporter de plus la candidature d’un José Bové à un périmètre politique déjà saturé où tout le monde dit plus ou moins la même chose.


C’est au centre que Ségolène Royal devra dès lors convaincre les électeurs de lui donner la majorité au soir du 6 mai.


Le candidat de l’UDF François Bayrou a en effet presque triplé son résultat de 2002, en réussissant à créer cette situation paradoxale : fixer au centre une partie du traditionnel vote protestataire. S’agit-il de l’épiphanie du centrisme  ou d’un ectoplasme politique rassemblant un électorat disparate ?
Certains électeurs, mobilisés sur l’objectif unique « Tout sauf Sarkozy », ont voulu aussi croire que la présence de Bayrou au second tour lui donnait plus de chance que Ségolène Royal  de vaincre Sarkozy. Le « ni droite ni gauche », qui a été le mot d’ordre de Bayrou, n’aura qu’un temps.


En effet, je sais  bien que les élus UDF à l’Assemblée nationale sont trop dépendants de l’électorat de droite classique et des reports de voix UMP pour prédire que cet objet politique nouveau retrouvera bien vite son tropisme naturel de droite.
Reste à voir maintenant comment cet électorat hétérogène se distribuera au second tour ?
Il est classique de dire qu’au Premier tour l’électeur choisit et qu’au second il élimine l’un des deux restants.


Si l’on suit cette logique référendaire, le jeu reste ouvert. Mais le clivage gauche-droite retrouvé nous rappelle plus que jamais l’opposition de deux conceptions de la société et des hommes. En France comme chez nous, les valeurs de l’harmonie sociale et de la solidarité s’opposent à l’égoïsme du chacun pour soi et du tous contre tous.


André Flahaut

Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents